State of the Union : vers une nouvelle alliance politique ?

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce son discours lors d'une cérémonie marquant le 20e anniversaire de l'élargissement de l'UE en 2004.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce son discours lors d'une cérémonie marquant le 20e anniversaire de l'élargissement de l'UE en 2004. Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
Par Stefan GrobeYolaine de Kerchove
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Cette semaine, dans l'émission "State of the Union", le journaliste Stefan Grobe revient sur les vingts ans du plus grand élargissement de l'histoire de l'UE, mais aussi sur la campagne électorale et le concours Eurovision de la chanson.

PUBLICITÉ

Il y a vingt ans cette semaine, l'Union européenne a connu le plus grand élargissement de son histoire. Le 1ᵉʳ mai 2004, dix États ont rejoint simultanément l'Union, dont sept de l'autre côté de l'ancien rideau de fer. Certains l'ont appelé le "Big Bang".

En guise de célébration muette, les institutions européennes de Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg ont été illuminées pour l'occasion cette semaine.

"L'élargissement est vital pour l'avenir de l'UE parce que sans élargissement, il y a en fait un risque d'un nouveau rideau de fer, ce qui serait extrêmement dangereux, si vous aviez un voisinage instable avec un manque de prospérité ou un manque de développement économique", a plaidé Charles Michel, Président du Conseil de l'UE.

Les spéculations politiques

Cette semaine, les gens ont commencé à spéculer sur une nouvelle alliance politique, inédite jusqu'à présent, à savoir une coalition de partis de centre-droit et d'extrême-droite.

Interrogée à ce sujet lors d'un débat, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission et candidate de centre-droit, s'est exprimée en ces termes :

"Cela dépend beaucoup de la composition du Parlement et de qui fait partie de quel groupe".

Ces propos concordent avec ceux du Premier ministre italien d'extrême droite, qui aimerait bien faire équipe avec le Parti populaire européen de Mme von der Leyen.

Le parti de Giorgia Meloni est en tête des sondages dans son pays, et elle cherche à reproduire le schéma au pouvoir en Italie : une alliance du PPE et des groupes d'extrême droite ECR et Identity & Democracy.

Les sondages suggèrent que le prochain Parlement européen évoluera vers l'extrême droite, les partis nationalistes et populistes semblant gagner du terrain.

Les fissures de l'extrême droite

Pour Pawel Zerka, chargé de mission au Conseil européen des relations extérieures et principal analyste de l'opinion publique européenne, ce bloc d'extrême droite présente de nombreuses fissures.

"C'est donc l'un des domaines où les partis d'extrême droite auront du mal à se mettre d'accord. Pas seulement l'extrême droite, mais aussi les eurosceptiques. Il est évident que certains partis, comme l'Alternative pour l'Allemagne ou le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas, sont beaucoup plus enclins à ne plus soutenir l'Ukraine et à considérer le soutien actuel de l'Europe comme un bellicisme. Mais il y a bien sûr des partis, comme le parti polonais Droit et Justice, qui soutiennent fermement l'Ukraine. Et même en Italie, Giorgia Meloni s'est révélée être une transatlantiste convaincue et une partisane fiable d'une ligne européenne de soutien à l'Ukraine".

Qu'en est-il d'une hypothétique sortie de l'UE - ne s'agit-il pas d'un projet favori des partis nationalistes ?

"Ce n'est plus à la mode en Europe. Et de nombreux partis européens d'extrême droite, anti-européens ou eurosceptiques, ont choisi de se concentrer sur la réparation de l'Europe de l'intérieur plutôt que sur la sortie de l'UE", affirmePawel Zerka.

Nous sommes à quelques semaines des élections. Quelle serait votre stratégie pour contrer l'extrême droite lors de la campagne électorale ?

"Le problème que je vois actuellement, c'est que de nombreux partis d'extrême droite ont un électorat fortement mobilisé. Leurs électeurs pensent donc qu'il s'agit d'élections importantes et veulent aller voter, alors que les électeurs du camp pro-européen sont souvent assez démobilisés, comme si les gens ne comprenaient pas quels sont les enjeux de cette élection ? Pourquoi cela devrait-il être important ? Ma principale recommandation aux dirigeants des partis pro-européens est donc d'expliquer clairement à leurs électeurs pourquoi ces élections sont importantes", analyse M. Zerka.

Et les électeurs des partis d'extrême droite, peuvent-ils encore être influencés ?

"Rarement. Je pense que la question est surtout de savoir s'ils seront fortement mobilisés ou si certains d'entre eux resteront chez eux. Si le camp pro-européen rappelle aux électeurs les différents risques que comporte le fait de voter pour l'AfD en Allemagne, Marine Le Pen en France ou Kaczynski en Pologne, alors peut-être que certaines des personnes qui disent actuellement, oui, j'aimerais voter pour ces partis, y réfléchiront à deux fois. Peut-être y réfléchiront-ils à deux fois".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

State of the Union : fin de mandat, élargissement de l'UE et révolution

State of the Union : protéger la nature et contrôler les grandes entreprises technologiques

State of the Union : économie de guerre et aide humanitaire